[Exercice 10] Objet à la première personne
Il Faut Sauver le Soldat Bacar
Je m’appelle Di. Bacar Di. Ma mission, c’est de vous désinhibé, vous dévergondé, vous écartez de votre droiture, vous rendre dingue, délirant et déluré, et vous faire rencontrer la Débauche à défaut de vous faire rencontrer la Faucheuse.
Mes compagnons et moi, nous mettons tout en œuvre pour que vous soyez tous torchés à souhait, penchés sur la lunette. Mais notre métier comporte des risques, et malgré notre nombre impressionnants, nous sommes tous des jouets aux yeux de ceux qui nous dirigent. On nous échange, nous torture, et je ne compte même plus le nombre de nos compagnons que nous avons perdus sur le champ de bataille. Certaines guerres sont de véritables tragédies pour notre camp, mais parfois, la roue tourne et nous parvenons à mettre à terre quelques ennemis. Voici le récit de ma dernière mission, nom de code : Rhum Express – rien à voir avec le dernier film de Johnny Deep, qui lui est un très bon ami que j’ai rencontré à maintes reprises sur son bateau... Un dénommé Black Pearl je crois.
La nuit était déjà bien avancer. Avec mes frères de guerres nous nous préparions dans nos camps. Les bunkers étaient pleins de munitions, et les dirigeants œuvraient pour tout mener à bien. Les premiers ennemies arrivaient la pression montait. Chacun de nous regardait son voisin avec inquiétude, appréhendant l’heure fatidique de son entrée sur le champ de bataille. Dans mon bataillon, j’étais accompagné par le soldat Whis Ky, le soldat Eris Toff ; ces mecs-là étaient des pointures dans leur domaine.
C’était notre tour, je partis le premier. La résonnance des basses passait à travers moi comme un couteau. Ma cible se fraya un chemin dans la foule de bipède qui s’agitait nerveusement. Dieu que je haïssais ces créatures. Mais je n’avais pas le temps de penser à eux pour le moment, j’avais une mission à remplir. « Toi mon gars, j’vais te faire dire bonjour à la cuvette des toilettes ! », pensais-je pour me motiver. Puis d’un coup, le trou noir.
« Il perd son Rhum ! Faites quelques chose bordel! », « Bacar ! Non ! Pas toi ! », « Bacar accroche toi mon vieux ! Ca va aller », « On a un gobelet à terre !!! ».
Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Je sentais mon rhum coulé le long de mon rebord en plastique. J’ai été touché. Je reconstituais peu à peu ce qui venait de se passer. Je pensa que c’était un des bipèdes voisin qui m’avait violement shooté. J’avais fini sur le champ de bataille allongé, agonisant dans mes derniers instants. Les cris de désespoir de mes compagnons de boissons me parvenaient au digestif, ou du moins ce qu’il en restait. Ma cible avait foutu le camp, « quel enfoiré ce bipède, il n’a même pas la décence de me regarder mourir ». Bon sang. Ma vie de soldat, ma mission. Tout était fini. Mon numéro de série s’effaçait sous les piétinements déloyaux des géants. Ma vision se perdait à l’observation d’une scène d’horreur. Mon regard croisa celui les cadavres de mes compagnons, mort pour notre cause. Ces corps plastifiés sans vie, qui ne rencontraient pour seules compagnies des taillons aiguilles impitoyables et sans distinctions. Le Sergent Ballentines, les soldats Polly Akov et Nick Hold, le capitaine Abseau Luth, un cimetière.
Mon rôle c’était gobelet en plastique… j’ai été déployé sur un champ de bataille trop ambitieux pour moi. Voilà tout. J’espère juste pouvoir me réincarner. Avoir une vie paisible de tasse à café ou je pourrais me faire prendre et gentiment, me faire dorloter et caresser. Ou en pommeau de douche. Ouais !!! Ca ce serait fantastique. Un pommeau de douche dans une collocation de jeunes demoiselles. J’aurais chaud toute la journée, j’aurais une belle et longue vie. Mais surtout et avant tout, je pourrais caresser des belles bipèdes – oui je sais je change de camp avant la mort, et alors ? ça vous pose un problème ? – j’aurais accès à des parties de leur anatomie dont les géants rêvent. Je pourrais me laisser frotter doucement le long de leur cou après une journée difficile, puis elles me passeraient juste ce qu’il faut entre leurs seins. Je leur apporterais le réconfort dont elles auront besoins. Et les nuits solitaires elles…
La belle vie…